Quand il a téléphoné hilare en disant qu’il allait devenir une star branchée parce qu’il jouait un mois plus tard à la fondation Cartier.
Un jeune vidéaste y exposait ses œuvres et, à ce titre, avait le droit d’inviter un artiste emblématique, référentiel. Cette carte blanche, c’était pour Wreckless Eric. Je ne me souviens plus si il habitait encore en France, en Allemagne, ou ailleurs.
Les années 90… ça, j’en suis sûr.
Un mois plus tard, Liège-Paris, la fondation Cartier. Concert dans le bunker transparent. Détestant me retrouver seul au milieu des gens en général (et en particulier dans ce genre de Milieu Prout-Prout), j’avais battu le rappel des parisiens « de la bd » fans de Wreckless Eric. Jean-Christophe Chauzy était là, Loustal n’était pas à Paris ce soir-là (Loustal avait des dispositions naturelles à voyager sous les Tropiques et les palmiers). Les gens autour de nous représentaient, je me répète, la faune type vernissage-prout-prout.
Exemple: Agnes B.
Il n’y avait pas vraiment de scène. L’orgue fuchsia tunée de Eric (Farfisa ou Hammond?), ses guitares. Devant, côté orgue, à droite, deux fans et Ina, sa compagne allemande. Derrière, en arc de cercle, assis sur des chaises design, la tribu Prou-Prout.
Le concert commence. Un morceau. des chuchotements insistant pour que les deux mecs et la fille de devant s’assoient. Un second morceau avec petits regards narquois de Eric qui avait pigé le manège des culs serrés.
Premiers mots, en français, avec accent english forcément prononcé.
Eric: Oww, je suppose, qu’ici, à Paris, je peux parler anglais?
Culs serrés: Yeah!
Eric, en anglais: Bande de cons, c’est un concert de rock ici. Alors, vous faites comme les trois, là. Vous levez votre putain de cul!
Quelques années auparavant, boulevard Rochechouard, dans l’atelier de Loustal. Je lui parle de Wreckless Eric, il me dit qu’il connait, qu’il aime. Je ne le crois pas, pense qu’il prend la posture du rocker. Il me ramène 2 45 tours de Wreckless Eric, me les offre.