La première fois, c’était chez un disquaire de Louvain la Neuve en 1978-1979, je crois. Je crois que c’est la pochette qui a servi de déclic, et le format. Un 25 cm, 8 titres. Et la dégaine du mec avec son costume moucheté, sa Rickenbacker, son sourire triomphant. Et le vinyle d’une couleur indéfinissable. Çà devait être au moment de London Calling, du second Talking Heads, du premier Devo qu’on trouvait dans 4 coloris différents (avant, j’avais acheté le 45 tours reprenant Mongoloïd, super pochette).
Il y avait le son, aussi. Un rock tranchant, au cuter mais mélodieux, limite pop pour certains morceaux. Sa voix de gouape teigneuse. Un truc vraiment 100% made in England. Ça sortait du cliché punk à crête sucrée, on sentait toute une culture rock derrière. Un retour aux basiques pas du tout pastiche nostalgique. Après, j’ai continué avec ses albums chez Stiff records. Le premier 45 tours que Stiff a sorti reprenait un morceau de Elvis Costello en face A et un morceau de Wreckless Eric en face B.
La première fois, pour du vrai, c’était à Liège, au milieu des années 80. La Luna, en face de La Casa. Toni (fondateur de La Luna, de Pirata concerts) m’a proposé de faire venir Wreckless Eric. J’en ai parlé à un ami, Jacques de Pierpont (rock à gogo), qui a utilisé tous ses contacts dans le monde du rock. Je crois que c’est un journaliste anglais (un mec qui s’appelait Jonathan) qui nous a dit qu’Eric n’était plus à Londres, un autre mec nous a précisé qu’il habitait Paris. Des mois avant de retouver sa trace. Je crois que c’est Toni qui a pris le relais (bonjour Toni).
Entre Louvain la Neuve et Liège, il y a eu quelques années rudes, sans pognon, sans acheter de disques. J’avais loupé la période post Stiff records. Complètement loupé les deux albums du Lem Bright Combo.
Je me souviens qu’après le sound check, deux bonnes heures avant le concert, Toni m’a proposé d’aller manger un morceau avec Eric. Cadeau.
Le fan transi, nul en anglais, la groupie énamourée face à sa mythologie personnelle. Une vision du rock qui allie vraie guitares et bidouillages. C’est comme si je rencontrais Lou Reed ou John Cale, ou Joe Strummer, ou Animal Collective. On s’est retrouvé dans un bistrot de la rue Cathédrale (style le plus vieux bistrot de Liège), il a bu de l’eau pétillante. Il a commencé à jeter sa set list sur un bout de papier, m’a demandé ce que je souhaitais qu’il joue comme morceaux. Arrrrrrrgl! Il se débrouillait vachement bien en français. Il me reste une V.H.S. avec le concert filmé… sans le son.
La fois suivante, on s’est retrouvé à Paris, dans une brasserie. Il était avec sa fiancée de l’époque (Laurence?), moi aussi. J’en suis venu à lui parler de Vuillemin. Il m’a dit qu’il le connaissait. Vuillemin et Wreckless Eric, YEAH!
La dernière fois que je l’ai vu, c’était à La Zone, en 2005. Il m’a reproché de ne toujours pas parler anglais, je n’allais pas lui expliquer ma timidité maladive face aux langues « étrangères ».