1993. Dixième anniversaire de la librairie « La marque jaune », belle excuse pour inviter Vuillemin et Wreckless Eric, puisqu’Eric m’a dit le connaitre quand on s’est vu la première fois à Paris. J’ai rien dit à Vuillemin. Surprise! Autre excuse, Vuillemin illustre « Les chansons du professeur Choron ». Et hop, on met Choron dans le package.
Programme: séance de dédicaces l’aprem à la librairie/ concert en soirée au Cirque divers.
Flash back 1. Trois ou quatre jours avant, Choron me sonne: il avait paumé son aller et retour TGV. Okay, je lui en renvoie un par express.
J’avais déjà rencontré Vuillemin plusieurs années auparavant. Avec Choron, on invitait tout le mythe Hara Kiri. Leur bouquin commun n’était qu’un prétexte. Pas terrible du tout ce livre mais je m’en fichais. Y avait une grosse partie de ma mythologie personnelle qui venait à Liège. Le pied! Et apparemment, ils se connaissaient sauf que.
Choron, lui, entretient son mythe, accompagné par une très jeune madame en jupe qui a l’air fort soumise. Dans le public, une jeune mademoiselle en froc fort fort timide. Une vraie fan du professeur. Le dit professeur quitte son public et me demande s’il peut donner un coup de fil à Paris. Bien sûr prof! Prend le téléphone qui est là, juste à côté de moi.
Lui à son interlocuteur parisien: Non, non… ça s’est arrangé… le libraire a été assez con, il m’a repayé un aller et retour!
Moi à moi-même: Putain, je vais me le faire… c’est vraiment une journée de merde! Déjà que ça avait mal commencé sur le quai de la gare…
Peu après, je vois la groupie en froc qui est toute pâle. Choron venait de lui dire, alors qu’elle faisait dédicacer son album, qu’une fille, ça portait des jupes! Quand j’arrive près de la table de dédicaces, c’est pour entendre le vieux con vanter son passé militaire en Indochine. Là, je me suis dit que, journée de merde pour journée de merde, un objecteur de conscience qui cassait la gueule d’un anarchiste de droite, ça le ferait!
Ma fiancée: Tire-toi, va rejoindre Eric au Cirque divers. Je m’occupe de tout ici.
Flash back 2. Ce samedi-là, en fin de matinée à la gare des Guillemins. Je rejoins Choron et Vuillemin à leur descente du TGV.
Moi, guilleret, à Vuillemin: J’ai une surprise pour toi!
Vuillemin souriant: Ah oui, c’est quoi?
Moi: Quelqu’un que tu connais super bien… Wreckless Eric joue ce soir!
Vuillemin vraiment fâché: Putain, ce con… il m’a piqué ma guitare et ma meuf!
Avant le concert, on a mangé à la maison avec le groupe. Les deux parisiens dans un resto. Le groupe logeait rue Sainte-Marguerite, les deux autres à l’hotel Ibis.
Moi, pour le concert, j’étais forcément un peu tendu. Pendant le concert, c’était pas mieux. Michel Antaki, le boss du Cirque divers, venait me demander qu’on diminue le son à chaque morceau. Et je faisais semblant d’aller parler au mec du son à chaque morceau.
Pas vraiment profité du concert sauf.
Sauf quand Choron est monté sur une table une fois, deux fois, trois fois en récitant des phrases pseudo poético-provocatrices. A la troisième fois, le groupe stoppe net son set.
Eric: Ecoutons le vieil homme… Vieil homme, raconte-nous ton histoire!
Choron et Vuillemin se sont cassés fissa, Antaki a continué avec le son. Chouette concert. Fort!
Je n’ai jamais parlé à Eric de l’histoire de la guitare et de la meuf à Vuillemin. La meuf… la fille qui l’accompagnait dans la brasserie à Paris?