Il ferma les yeux. L’hiver d’avant, un chaman lui avait conseillé de fermer les yeux quelques jours. Trois jours plus tard, quand il les ouvrit à nouveau, la femme-chocolat avait disparu. Sur le lit vide. il ne restait plus qu’une marionnette à fil, sans fil. Le chaman lui avait menti.
Dehors, l’enfant-toboggan était enfin sorti de sa cage. Était-ce un bon sujet pour une histoire ? On lui avait dit à l’enfant, pour le lion de l’autre côté de la falaise. Mais l’enfant s’était dit que, là-bas, ça ne pouvait pas être pire qu’ici.
L’autre regarda par la fenêtre du train. Le paysage défilait vite-vite. La femme-chocolat apparut en hologramme de l’autre côté de la vitre épaisse. Elle, elle n’avait jamais su dire « Cool, ferme les yeux… je suis là ». Lui, il se décida à raconter les Histoires de l’autre côté de la vitre, le temps d’un aller simple. Il entendit toutes ses voix à elle, partit à leur rencontre. Il descendit tout au fond de lui-même, et dut se rendre à l’évidence : il n’y avait plus de chocolat dans la Mine. « Docteur, docteur, dites-lui que je suis prêt, que suis d’accord pour les yeux. »
Dehors, dans la savane, l’enfant-toboggan s’en était plutôt bien sorti. Il avait résisté aux mauvais djinns du marabout des Basses-Terres. Il avait décidé qu’il serait passager clandestin. Un vrai métier, quoi !
