Dehors, ça caille. Dedans, ça va.
Quelques jours que je me disais que je ne voyais pas du tout comment j’allais m’en sortir. D’habitude, avec elle, c’est moi qui commence. Je lui envoie un texte tournant autour d’une journée particulière voire banale. Là, on inverse.
Hé hop, l’illu dans la gueule ! Qu’est-ce que j’allais pouvoir raconter, en face, sur la page de droite ? Je pourrais écrire un truc qui n’a rien à voir, ou prendre un détail et m’en servir comme d’un trampoline, ou écrire un petit texte bien léger voire joyeux. Difficile d’échapper à l’illu : elle s’arrange toujours pour y taper deux ou trois détails tordus (la culotte rose sale de la madame, la couche du bébé, le regard impénétrable du clebs). Et je ne vois aucun détail qui me permettrait d’aller voir ailleurs.
Et je ne vois aucun élément qui me permettrait de plonger dans un océan de légèreté.
Samedi soir, deux heures au Festival de Liège pour une pièce : Villa + Discours. Mal assis, le cul forcément en éveil, des gens pas très sympas (style notables cultureux faisandés et bien pensants de province/bien sûr que je suis subjectif et que je préfère le public de l’An Vert et de La Zone), trois jeunes femmes devant moi. Long texte à trois voix donnant la parole aux jeunes héritiers de la démocratie chilienne. Des mots qui n’occultent rien.
Je me méfie des pièces de théâtre à message (et du théâtre tout court-idem pour le jazz et le classique et la littérature fantastique). Il y a toujours un (long!) moment où l’auteur se transforme en prof de morale pour tribus reculées et incultes. Ici, moment magique à fleur de peau qui ne baigne pas dans l’émotionnel journalistique avec trois jeunes femmes qui parlent du pouvoir (et même du pouvoir de la bonne conscience).
PS
Caro, pour ton illu, j’ai trouvé (je crois)