Dans son bouquin 31 Songs, le romancier anglais Nick Hornby, l’auteur de High Fidelity adapté mollement au cinoche, évoque les morceaux de rock (pop, soul, punk) qui font partie de son patrimoine génétique. Ça va de Springsteen à Patti Smith en passant par Crazy horse et Suicide. Dac, c’est la culture emblématique d’une génération qui s’est crue sauvée définitivement de toute forme de frustration et de récupération en écoutant jusqu’à plus soif ces « chansons » (ça sonne pas pareil, chansons et songs !), persuadés qu’ils étaient les enfants d’une nouvelle culture qui changerait la face du monde entier. Parallèlement à ce voyage qui pourrait n’être que celui du mâle occidental type élevé dans les années 60 anglaises, Nick Hornby parle de son gamin, des interrogations d’une mère et d’un père face à ce fils qui semble ne pas grandir comme les autres, des médecins, des spécialistes, des gros pontes de la pédiatrie. Au milieu du bouquin, entre l’évocation de deux morceaux, il glisse : Ca y est, on a enfin trouvé !
Continue alors ce défilé de moments magiques de pop, l’assemblage d’un puzzle de pop songs qui ont construit l’écrivain à travers ce qu’on appelait une contre-culture avec la vie de parents d’aujourd’hui confrontés à l’autisme.
Dans ce bouquin, Hornby, la cinquantaine, implore l’indulgence des générations plus jeunes. Il met un morceau de Suicide dans son panthéon musical et demande aux jeunes générations l’autorisation de ne plus jamais « devoir » l’écouter. Il revendique le droit à la légèreté.
Je sors fréquemment mes cd’s de Suicide de l’étagère ikea (mes préférés sont les deux premiers). Je les manipule. Je ne les écoute pas. Je regarde la tranche de ces boîtes en plastique transparent et griffé. Je les remets à leur place, sur le deuxième rayonnage de l’étagère ikea.
Il y a plus d’un an, j’ai racheté le premier Suicide en vinyle. Je ne l’ai pas réécouté sauf que. Sauf que je viens d’aller sur YouTube, que je suis toujours aussi addict à la voix d’Alan Vega et à la pop synthétique de Martin Rev, que je vais me le faire en replay une bonne partie de la soirée, que je trouve toujours ce lp d’une légèreté hypnotique obsédante, que je comprends toujours un peu mieux qui je suis quand j’écoute les deux premiers lp de Suicide. Sauf Frankie Teardrop. Trop dur, pas cool du tout. Vraiment pas cool du tout. Faut que je saute Frankie Teardrop.
PS
Faut que je trouve le second Suicide en vinyle. Celui produit par Rick Ocazek. Le mec des Cars.
Une réflexion sur “à propos de Suicide”