38, rue François Roffiaen (Bruxelles 3/3)

Ça gémissait, ça couinait, ça hurlait. Duo de râles. Cris rauques. Grincement de literie. Tête de lit tapant sur le mur. BAM-BAM-BAM. En haut, ça suintait d’en bas. ENCORE-ENCORE-ENCORE. Ça venait de la chambre d’en dessous. De l’appart du premier. Sexe hors piste. Mousson. Tsunami-sur-Lattoflex. BAM-ENCORE-BAM-ENCORE-BAM-ENCORE. En haut, juste au-dessus, la chambre de l’appart du second. Le Deuxième et la Troisième, en stand by. A l’arrêt. Gêne, hésitation, fébrilité. Regards voilés. Aisselles asséchées. Sourires mi-figue mi-raisin. Duo muet, à défaut d’être sourd. Ceux d’en bas, le duo suintant quinqua. Lui, gros bide et marcel. Elle, petite sèche blonde à la peau de fumeuse. Odeur de clope dans la cage d’escaliers. Grands sourires énamourés quand ils croisaient le petit couple du deuxième étage sur le palier. Orgasmes immobiles au deuxième étage. Sexe mi-mi-minimaliste. Le monde du silence. Et ceux du premier pour la bande-son, vu-mètre dans le rouge.

Ils étaient partis à Londres quelques jours. Souvenirs de petits pois à la menthe, du tout premier Virgin, de Tubular bells, d’une pension merdique avec radiateur-monnayeur. Pas le moindre punk en rue. Quand le Deuxième et la Troisième revinrent à Bruxelles, ils grimpèrent les 2 étages, ignorèrent les gémissements gutturaux qui inondaient la palier du premier, ouvrirent la porte du trois pièces, se ruèrent exténués vers la chambre après une traversée de la Manche tumultueuse en ferry. Sitôt, la porte blanche franchie, le Deuxième tomba en arrêt devant le pan de mur tout blanc. En face du lit, perché tout en haut, un crucifix. Cadeau de mariage des parents de la Troisième. Lui, sur une chaise, s’empare du batman judéo-chrétien, ouvre la fenêtre, lance le batman crucifié dans le jardin des voisins. Une dizaine de mètres plus bas.

Lui, le Deuxième, le week-end, il retrouvait les Autres et le Quatrième sur le tarmac de Zaventem. Il décida de devenir prof de français pendant la semaine. Un an après Londres, le Deuxième et la Troisième prirent l’avion pour Montréal. Ils se séparèrent huit heures plus tard sur le tarmac de l’autre côté de l’Atlantique. Jet lag.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s