Il est derrière toi, vous êtes tous les deux face au grand miroir qui s’étend sur tout le pan de mur. Avant, il y a eu la tondeuse, 5 mm. Ensuite la barbe puis les sourcils.
A gauche de l’évier, il y a un récipient couleur alu, style friteuse électrique professionnelle. Il prend un coton tige, le plonge dans le bain de cire brûlante, te l’enfourne dans l’oreille gauche, exerce une pression ferme et autoritaire sur le lobe auriculaire gauche histoire que ce soit efficace. Idem pour le deuxième coton tige dans l’oreille droite, idem pour le lobe auriculaire droit. Un troisième coton tige dans le bain de cire brûlante puis dans la narine gauche puis il pince la narine gauche, histoire que ce soit efficace. Idem pour la narine droite.
En face de toi, dans le grand miroir, un mec avec des cotons tige qui lui sortent des oreilles et des narines. Derrière toi, un mec au buste triomphant, un rien arrogant, tel un lanceur de couteau dans un cirque de province. L’autre attend une cinquantaine de secondes derrière toi, face au grand miroir. D’un gros coup sec, il te retire le coton tige de l’oreille gauche. Le met devant tes yeux histoire que t’apprécie la qualité du service. Un coton tige noirâtre d’où émerge une quinzaine de poils pris au piège comme autant de volatiles hydrocarburés sur une plage bretonne. Idem pour l’oreille droite. Puis il pince ta narine gauche, de l’autre main, d’un coup sec, retire le coton tige. Puis le tend devant tes yeux histoire que t’apprécies l’ampleur du carnage pileux. Il insiste, triomphant, un rien arrogant, jusqu’à ce que tu répondes au miroir : waouwww !