Les gens sont gras aux terrasses de la place du marché. Faut changer de bistrot ! Regagner le bureau près du fleuve. Voir la famiglia. Samedi soir, un peu plus haut que le cadran, il a croisé Léon qui semblait avoir abandonné le fuschia et le rose pour des couleurs qui n’en sont plus vraiment. Dimanche matin, rue Saint-Laurent, il a croisé la petite vieille au pinettes roses, au legging blanc-gris-beige, aux lunettes de star des années 50, au caddie délavé. Un peu plus haut, près du croisement avec la rue Wazon, scotché au siège de plastoc de l’abribus, il y avait le vieux black qui aurait pu troquer ses mains caleuses de clodo contre une dégaine de blues man dans l’abribus d’une autre vie.
Autour du bistrot près du fleuve, c’est musique latino à donf. Lundi-Calor. Sophie vient de rentrer, elle n’aime vraiment pas Kevin. Lui propose Jules au lieu de Julos. Comme si c’était le moment de trancher entre Mike, Michel, Jules, Julos ou Kevin ! Joe-la-Défonce et Markus-la-Seringue font le plein d’eau à la fontaine de la rue Neuvice.
En se levant ce matin, rue de Campine, il y avait le cafard de la vie d’avant qui n’était pas vraiment une vie, quand on y pense. L’amie lui a proposé des pousses de plantes afin de repeupler sa cour, elle a ajouté qu’il faudrait leur parler tout l’hiver. Il a refusé le deal, est descendu dans le cœur moite de la ville. Autour du bistrot près du fleuve, les gosses vampirisent la fontaine comme si c’était une bouche d’incendie dans la moiteur estivale de Brooklyn. La famiglia défile joyeusement dans le bistrot près du fleuve. Dehors, les filles sont belles, et fument avec toutes sortes d’accents. Il a envie d’écouter joyeusement du Léonard Cohen, à donf. Un Cohen avec des Mariachis.
(le visuel de cet article reprend un détail d’une peinture de Fernand Flaush)