Rien à dire quand je suis embarqué dans une discussion « sur les réfugiés », dans boulot 2, avec un toubib qui m’explique qu’il suffirait qu’ils signent tous un papier comme quoi ils s’engagent à rentrer chez eux une fois leur guerre terminée.
Rien à dire quand je suis noyé dans les palabres du bistrot près du fleuve avec la famiglia.
Rien à dire quand je croiserai à nouveau le regard bleu azur dans les couloirs de boulot 1 ou boulot 2, je ne sais plus.
Rien à dire quand j’entends une jeune secrétaire dire à une autre moins jeune secrétaire, dans boulot 1, à propos de sa tablette : C’est tellement mieux qu’un livre… et t’as pas besoin d’attendre en le commandant… tu le télécharges en trente secondes, et hop !
Rien à dire quand je vois Léon dormir dans l’abribus de la rue Saint-Laurent.
Rien à dire quand je vois la plus belle femme orientale du monde entier de ce côté de ma rue me faire un sourire aussi grand qu’un croissant de lune.
Rien à dire quand je suis embarqué dans une discussion « sur les réfugiés », dans boulot 2, avec une collègue de l’accueil des urgences qui m’explique que ce sont tous des lâches sans quoi ils resteraient dans leur pays pour faire la guerre au pouvoir en place.
(illu tirée de « Anesthésie générale » de Delphine Hermans et Michel Vandam)