la valise jaune de Jean-Claude Van Damme (3/9)

Dimanche 7/11/2010
Racket des flics marocains qui ne veut pas dire sans nom . Au choix :
-Tu as fait un excès de vitesse mais on peut trouver une solution (en lisant une indication manifestement fictive sur un gros revolver en plastoche style Star wars / Fisher price)
-Là, tu vois, il est marqué Stop, et tu n’as pas marqué d’arrêt (Connard, c’est toi qui m’as fait signe d’avancer alors que je freinais à la vue du panneau Stop !)
-On n’a été gentil avec toi !
Par contre, moments de gloire sur une centaine de kilomètres, à raison d’un contrôle toutes les vingt bornes. Au choix:
– Ah, et lui, c’est Jean-Claude Vandamme? (à JM alors que j’étais au volant)
– C’est son frère? (à J-M)
– Ah, il est enseignant ! Prof de karaté ? (alors que J-M lui tendait mon passeport)
Et puis, on sent une tension. A Tanger, en regardant la tv, on avait cru comprendre qu’il y avait des «trucs» avec les Sahraouis, le front Polisario.  Il y avait aussi des images qui célébraient la marche verte. Vive la royauté bananière !

Vers 13 h, frontière. On sort du Maroc (du moins, on aimerait !). Idem tous les 10 mètres (Je parle du racket !). Et on s’en sort pas trop mal avec nos gueules d’occidentaux bornés ! J-M est une vraie teigne quand il est question de matabiches. En ai parlé plus tard à un guinéen : clair que pour les blacks, ils ne se gênent pas, les Maures ! Nous, on peut encore y aller d’un : Okay, on sonne à l’ambassade ! Reste l’expérience magique, solitaire, de centaines de kilomètres de désert gravés dans la tête. Toujours le désert. Faudra qu’on reparle du désert. Celui tout droit sorti d’un western, celui tout droit sorti de la Guerre des Étoiles. Le désert lunaire, le désert minéral, le désert au sable rouge, ocre. Le désert Canyon, le désert vraiment désertique avec Rien de Rien à l’horizon, rien que du sable s’accrochant à des dunes « montagnes russes ». Et sur les côtés, des centaines de pneus éclatés de poids lourds, des restes plus ou moins récents d’ânes, moutons que les mêmes poids lourds n’ont pas ratés. Strike.
Vers 15 h, passage en Mauritanie. Une piste de caillasse entre les 2 postes frontière. Avec un Toyota Rav 4 conduit par deux toubabs. Deux visages pâles dans la colonne de camions. Et toujours ce drôle de racisme anti black. Avant d’atteindre la frontière marocaine, super route bitumée. Après le poste-frontière, on te fait bien sentir que, maintenant, tu rentres dans un autre monde. No man’s land de plusieurs kilomètres avant d’atteindre le poste frontière mauritanien. No man’s land lunaire, piste chaotique de cailloux et de roches : Fini la belle vie ! Ici, cher voyageur, t’es chez les sauvages !
Flash back de quelques jours sur l’enclave de Ceuta, quand les espagnols marquaient leur mépris par rapport à tout ce qui était en bas, de l’autre côté de la méditerranée. Le racisme  poupées russes .

Silence, cut up, surréalisme, juste des moments, coups de zoom, cut up

sous le soleil exactement / Toyota Rav 4 noyé au milieu des bahuts / Mauritaniens qui viennent pour proposer du change ou de la ganja / caillasse / à l’ombre du bahut qui précède / sous le soleil exactement / on avance à coups de 10 mètres / assis 1à, sur la caillasse 10 mètres plus loin / heure de la prière: on sort les tapis / toujours à l’ombre du bahut précédent / Toujours sous le soleil exactement / deux nouveaux copains: Ibrahim et Mohamed / discussion à l’ombre du camion qui nous précède / la file avance brutalement de 30 mètres / Rav 4 aussi / Forcément / à nouveau assis sur la caillasse avec nouveaux amis / vivent du change, de petits services, de tuyaux pour gagner du temps / Toujours sous le soleil exactement / passage de frontière : 5 militaires mauritaniens + 1 instructeur français + 1 chien complètement hystérique qui vient renifler la bagnole au cas où  !/ et que vous pensez bien que s’il en avait trouvé, je vous le dirais pas mais qu’on savait par contre que la madame qui nous avait vendu le Rav 4 était une grosse fumeuse de beu / on sert des fesses / OUF ! / Mauritanie ! / Mauritanie, toujours sous le soleil exactement.

17 heures, trois contrôles, trente kilomètres plus loin. Nouadhibou. Direction : campement Abba Rien à voir avec Priscillia, la folle du désert !. Gaffe à la circulation. Se faufiler entre les ânes et les Mercedes. Un âne pour deux Mercedes. Mercedes, modèle Derrick. Belle rencontre au campement: Moussa. On retrouve Ibrahim au campement, en soirée. Le soir, éclair fluos au coin supérieur de l’œil droit : je ne savais pas encore que je me ferais opérer d’urgence à mon retour dans la neige.
Le soir, on arrive tout doucement dans la savane. De la verdure, enfin.  On s’arrête, on campe en bord de route.
Premier jour sans se laver, premier jour caca-nature. Dernier jour à bouffer le fromage qu’on tenait depuis Liège. Imaginez la gueule du fromage !

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