Samedi 6/11/2010
Laâyoune, ville nouvelle du Sud-Est marocain construite pour implanter l’autorité du royaume dans ce coin de désert revendiqué par les Sahraouis. Ville-mirage dans le Sahara (genre Louvain-la-Neuve du désert), ville où l’essence est la moins chère du pays histoire d’attirer l’implantation des gens du Nord. Présence militaire + base de l’ONU.
Halte 70 kilomètres après Laâyoune. Trop fatigué pour retenir le nom du bled de ce soir. Plus on descend, plus le prix des nuitées diminuent. 45 en France, 40 en Espagne, 20 à Tanger, 13 euros ce soir (après marchandage, off course) Bientôt, on nous offrira le gîte et le couvert en Mauritanie. Humour. (Allusion aux « coupeurs de route » mauritaniens, spécialistes en prise d’otages.) Drôle de journée à traverser le Sahara. Désert de chez désert, coups de frein à fond, éviter les ânes désœuvrés qui lambinent en titubant sur le bitume.
Des tons brique, ocre. Un ciel bleu qui frappe à travers le vent de l’océan. Les contrôles de flics incessants à l’entrée et à la sortie de chaque bled. Plus on s’enfonce dans le Sahara, plus les contrôles sont fréquents. Flics bientôt remplacés par des militaires et des mecs de la sûreté. A Bamako, on apprendra qu’au moment de notre traversée du Sahara, l’armée marocaine se défoulait sur les Sahraouis pas très loin de là. Le problème de l’annexion du Sahara espagnol n’étant toujours pas réglé, la Mauritanie et le front Polisario le revendiquant également. C’est pourquoi on ne peut passer en Mauritanie que par le sud marocain, en longeant l’océan. JM m’explique que toute la frontière Est est minée.
Quant à la vie dans la bagnole, elle s’organise autour de discussions géo-politiques, d’histoire de femmes et de mecs, et tout ça. Sergent Peppers, une trentaine de fois depuis le départ. Faut dire qu’on n’a pas vraiment le choix vu qu’il n’y a qu’un lecteur cassette dans le Rav4 et 3 cassettes. On a le choix entre un Beatles, un Cure, un U2. Je ne sais pas encore qu’on va se faire 9000 kms de Sergent Peppers. M’en fous, j’ai mon IPod pour m’endormir chaque soir.
On n’est plus qu’à 600 kms de la frontière mauritanienne. Demain soir, dormir à la belle étoile pour passer vite vite la frontière. Envie de Bamako ! Là, maintenant, c’est le Sahara. Difficile de parler des couleurs, des odeurs. Parfois, ça pue la charogne. Chameaux, ânes qui pourrissent sur le bord du bitume. des toiles de fortune en plein désert, des chameaux – vivants, ceux-là. Souvenirs d’hier, de la traversée de l’Atlas au milieu des nuages. Ce soir, ce sera un tagin de poulet. Difficile de parler des fromages de Belgique qu’on bouffe depuis mardi, du camembert qu’on a enfin terminé cette aprème vu qu’il avait tendance à se casser de sa boîte, à vivre sa vie après 4 jours dans l’habitacle. Difficile de trouver les mots justes pour traduire ce périple à deux.
