Penser très fort presque quotidiennement à Titi, leur rencontre en 2010 à Ségou, leurs palabres sur l’Afrique au pays dogon, au pied de la falaise de Bandiagara. Leurs discussions politico-philosophiques à Ségou en 2015 et 2020 : « Michel c’est l’africain qui tue l’Afrique, Michel avec l’art on ne devrait plus avoir besoin des religions. » Titi, la polio et ses béquilles. Titi son frère de là-bas sans boulot à Bamako, dans une merde noire, avec éclats de rire en supplément (AHAHAH). Bamako la ville grise d’une pollution qui te brûle les poumons, Titi mon frère, Titi mon ami-frère, moi le frère de trois sœurs. Titi reste en vie, ne te laisse pas emporter par le Virus Global. On était mort de rire quand je racontais le montant d’une consultation chez le psy en Europe. Penser très fort à l’ami d’ici et de là-bas qui revient mardi de Bamako. Parce que la vie là-bas ne tient même pas à un fil et que ça date pas d’aujourd’hui. Les petits blancs ont tellement regardé leur nombril qu’ils en sont réduits au développement personnel comme seule religion. Penser très fort que les visages pâles en sont arrivés à tourner en rond tout seul dans leur tête au nom de la liberté blanche qui lave plus blanc que blanc. Après moi les mouches. Penser très fort qu’on est tous des enfants de Descartes et de Freud qui nous ont appris à jouer rationnellement avec notre caca. Penser très fort à D et leur projet de film d’animation « Les marrons glacés », à X et « On est des robots ». Se dire que ça parle d’aujourd’hui, que tout n’est pas perdu, même si, aujourd’hui, je n’en suis plus très sûr.
