Un mec -170 cm, les cheveux châtains descendant jusqu’aux épaules, séparés symétriquement par une ligne impeccablement rectiligne comme une autoroute dans la forêt amazonienne- parle à un mec un peu plus petit devant le rayon vinyles. Monologue. Le plus petit se contente de hocher la tête, il n’a pas le choix. Moi, je viens de tomber sur une réédition d’un lp de Ferré Grignard, un musicien folk qui n’a pas vraiment géré le mélange alcool+came de la fin des années 60. Un anversois qui aurait été le roi du monde s’il était né à New-York, s’il avait eu les bons docteurs.
-Parce que, tu vois, ceux qui croient qu’il faut picoler, sniffer de la colle, se défoncer pour faire du rock.
Hochement de tête du plus petit.
-Et je lui ai dit à l’autre de 30 ans -qui dit qu’il fait du rock- que c’est pas en fumant un stick tous les soirs que.
Hochement de tête du plus petit.
-Regarde-moi, j’ai 51 ans et onze ans d’armée! Regarde Springteen qui a plus de soixante balais et qui court 2 heures par jour!.
Il interrompt son discours de rockeur télévangéliste en me voyant partir avec Ferre Grignard.
-Hé, y en a encore deux autres qui doivent arriver. Terrible, hein, Ferré Grignard!
Moi, je descends l’escalator. Direction, le bistrot près du fleuve. Mehdi à un autre, de l’autre côté du bar:
-C’est triste, des parallèles!