Il y a ce mec fort-fort de gauche, excessivement fier d’avoir exposé, il y a 3 ou 4 ans, dans un pays au pouvoir fort-fort-fort bridé et qui, lorsque on lui fait part de son enthousiasme plus qu’ambigu, répond qu’il ne voit pas le rapport. Le prototype même du pro palestinien qui ne refuserait pas une expo à Tel-Aviv.
Il y a celui qui descend son galeriste parce que c’est pas normal que le méchant galeriste ait exigé l’exclusivité il y a 3 ou 4 ans. Il a oublié qu’à l’époque, il était super-super content (il y a surtout un tout-tout nouveau galeriste dans son bled qui est beaucoup plus-plus branché et que ça le fait bien chier de ne pas pouvoir se prostituer sans compter).
Il y a tous ceux qui vénèrent Vaneigem mais qui n’ont pas capté le passage dans « L’ère des créateurs » où il écrit qu’un artiste se doit d’être révolutionnaire et marginal (ça ne veut pas dire « faire la manche », hein!)
Il y ceux qui font tous les vernissages et que tu repères à leur haleine constamment vinaigrée et à leur regard jaunâtre constamment cerné, qui revendiquent le droit au chômage « parce qu’ils créent », qui sont incapables de la moindre transmission, qui expliquent leur travail à coup de notions vaseuses de psychanalyse (Freud qui n’a jamais fait que sonder l’âme des bourgeois viennois… pas de quoi en faire une science sociale!), qui reniflent, comme des clebs en rut, les bas du froc du grand homme coké qui a toutes les clefs menant au monde merveilleux des subventions artistiques. Il y a ceux qui construisent leur propre piédestal en lapant les aisselles des notables de leur bled, ces Bukowski de province adorateurs d’un dieu à leur effigie qui sont Charlie parce qu’ils ont la trouille des balles perdues qu’ils se prendraient inévitablement dans le dos. Cette diaspora de consanguins sous perfusion de formol.
Il y a ceux que j’aime, vraiment, quelque soit le jour, pas seulement le vendredi soir à partir de 19 heures.
Une réflexion sur “Je suis un artiste”