Dehors, la petite femme rose s’appelle Léon

Le dos d’une ado longe la cathédrale Saint-Martin. Plutôt frêle, plutôt 12 ans que 14, des cheveux mi-longs plutôt chiffonnés tirant sur le châtain-roux, un manteau d’un rose sale, un cartable fushia accroché aux épaules, collé aux omoplates, le dos forcément voûté. Pas rapides faits de plein de petites enjambées qui ne s’essoufflent jamais.
Certains l’ont déjà vue à l’orée de la ville, presque en banlieue, sous un abribus à Saint-Nicolas, ayant troqué le cartable fushia contre un caddie. D’autres l’ont déjà vue arpentant le piétonnier du centre-ville comme un coureur de fond, tirant le même caddie aux motifs écossais, avec le même dos voûte, le même manteau d’un rose sale.
Léon n’est pas une ado comme les autres, porte des jupes plissées en coton à gros motifs écossais sous son manteau d’hiver, ne se rase pas tous les jours. Léon, de face, c’est plus pareil. Léon pique avec sa barbe poivre et sel.
Un mec au visage anguleux -barbe grisonnante, sourcils sévères- qui trimbale ses jambes nues en hiver. Parfois, Léon se fait toute belle avec sa barbe de trois jours sur ses joues creusées.
Certains l’ont déjà vue fouiller une poubelle en bas résilles à la recherche de canettes vides. D’autres l’ont déjà vue marmonner à tue tête lors de ses errances urbaines.
Parfois, Léon écrit  au roi. Léon aime le roi. Et la reine aussi.

 

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