J’ai vu deux vieux qui se cramponnaient l’un à l’autre quand je suis passé en pédalant au ralenti à côté d’eux. J’ai vu une nouvelle vie à coup sûr. J’ai vu les pigeons de la place du Marché dans les pattes de touristes rougeâtres, un bouquin de Jonathan Coe, un couple d’amoureux névrotique qui se cassait la gueule pour de vrai, une belle madame avec une chemise à carreau et des lunettes solaires, une kiné avec des dents qui rigolent, deux mecs qui réparent leur mobylette devant le bistrot près du fleuve, trois mecs qui prome-naient leurs clebs au-dessus du cadran, une jeune femme cambrée à mort avec le cul en arrière soutenu par des talons-échafaudages, un sms de l’autre qui dit qu’elle est triste aussi mais que c’est comme ça, une congolaise qui gueule sur un autre black alors que son mec gèné la tire par le bras. J’ai vu le bistrot près du fleuve avec les habitués et un courant d’air et des éclats de rire méditerranéens sur la terrasse, et la fin du ramadan. J’ai vu deux amies avant-hier soir, une arrivée d’étape où Nibali et Contador n’ont pas réussi à décrocher Froome..
J’ai vu qu’il y aurait plein de nouvelles histoires à raconter, que certaines seront hilarantes pas comme dans la vraie vie.
Deux jours plus tard, près de la gare du Palais, j’ai vu un espagnol péroxidé qui agitait ses bras démonstrativement vers le ciel avec des aisselles épilées à mort. Dans la gare du palais, j’ai vu un camé avec un t-shirt Cocaina devant le distributeur de boissons et j’ai entendu qu’un train aurait 40 minutes de retard, qu’un autre serait supprimé.