Une princesse tutsi au pied d’un baobab majestueux

Il survole les terres perdues à grandes brassées d’air, à la recherche de celle qui rend la vie plus facile pour peu qu’on accepte de s’étendre dans le creux de son ombre portée. Il faut juste décider de l’intensité de la lumière, régler la focale, se persuader que tout n’est qu’une question de contexte. Après tout, vivre dans l’ombre d’une belle princesse tutsi n’a jamais tué un volatile. De toute façon, ça fait un moment que la vie d’ici ne l’intéressait plus. Les hirondelles ne sont pas stupides, elles. Ça fait un moment qu’elles se sont cassées, abandonnant la grande tribu des enfants rois et des parents aux ailes engluées dans de la guimauve molle. Les hirondelles n’étaient pas dupes. Elles avaient tout compris avant tout le monde, qu’on ne pouvait rien en attendre, que l’espèce était en voie d’extinction. 
La veille de la Grande Envolée à la rencontre de la princesse tutsi, il s’est fait vasectomiser. Lui, il se méfie de la belle gazelle. Il sait très bien que la frontière entre prêtresse et sorcière est ténue. Il connaît sa réputation de grande séductrice auquel aucun mâle volatile ne résiste. Il sait que, si elle lui demande un petit, il ne pourra pas résister plus de deux ou trois nuits. Il n’a jamais été très doué face au désir d’une princesse. Alors, il ne parlera pas de l’opération. Il feindra un désir de reproduction au delà de la normale. Il fera preuve d’une ferveur remarquable lors des multiples accouplements. Lui, il veut juste une belle vie amoureuse avec une princesse tutsi au pied d’un baobab majestueux.

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