Lundi 23. Jimmy P au Sauvenière avec Lulu. Un film français qui n’a pas l’air d’un film français, avec un scénar qui aurait pu être écrit par un écrivain du Montana, par Jim Harrison, par exemple. L’histoire de la psychothérapie d’un Indien des Plaines. Un truc pas bavard qui parle des racines sans en faire une thèse avec Mathieu Amalric dans le rôle du psy et Benicio Del Toro dans le rôle de l’indien taiseux. Se dit que, s’il était une meuf, il se ferait Benicio Del Toro là, tout de suite, dans les toilettes. Bon, pas tout de suite! Il attendrait quand même la fin d’un super film intimiste perdu au milieu des plaines américaines. Mardi 24. Journée de cours pleine de nouveaux visages déjà vieux d’une semaine. Pas de nouvelles d’Abdel. Il lui a laissé un mp sur fb. Jeudi dernier, une étudiante lui a dit qu’il était à l’hosto. Mercredi 25. Deux belles heures avec des 3èmes bac. Il ne se souvient plus d’avant et d’après. Jeudi 26. Il hait les voitures qui le frôlent, les joggeuses à 3 de front sur le RAVeL, les émoluments de Stef Moreau, maire de Ans et boss de VOO, un mec au sourire carnassier qui bouffe à tous les râteliers. A préparé un risotto de cabillaud pour l’Amoureuse et les Amis. En fin de matinée, il a reçu un vinyle de Penguin Cafe Orchestra par la poste. D’accord, il s’agit d’un achat un peu tordu puisqu’il l’avait déjà en cd. Ce qui est certain c’est qu’Abdel n’aurait pas aimé Penguin Café Orchestra. Pas de guitare électrique, pas d’envolée psyché. Vendredi 27. Grasse matinée avec l’Amoureuse. Le soir, il a dû très certainement zapper en espérant que sa rage de dent se tiendrait à carreau jusqu’au lundi suivant. a ingurgité un mélange d’anti-douleur et d’anti-inflammatoire.
Samedi 28. Go to Montegnée. Au-dessus de Saint-Laurent, il croise le black du samedi matin à la gueule de vieux blues man. Yep, lui crie-t-il du haut de son vélo. Yep, répond l’autre. Sauf que l’autre, il n’est pas dans le bon pays, que tout le monde s’en fout d’un sdf tout noir qui sait même pas jouer de la guitare. Le soir, retour rue de Campine. Ordi off/on. Coup d’oeil sur Facebook. Message de Paulo. Abdel s’est cassé, Abdel s’est tiré. Mort, Abdel. Dimanche 29. Journée à faire le tour de ses morts pas vraiment vieux, si on fait abstraction des morts normaux comme les grands parents. Cancers, suicides, accidents. Aujourd’hui, il veut les entendre tous. C’est son truc, les voix, comme la musique. Par exemple, il se rappelle du son, de la tonalité des voix de chacune de ses ex. Mauvais exemple: elles sont presque toutes vivantes!  Aujourd’hui, il doit accueillir la voix de ce petit mec aussi obsédé que lui par la musique. Se rappeler les vannes qu’il lui lançait. Et puis les vannes, c’est bien pratique pour planquer la pudeur. Il y avait sa voix avec un léger bégaiement, une hésitation, avant de commencer une phrase. Alors, il fait le tour de ses voix. Leur annonce la venue d’un nouveau, du petit mec au grand sourire inquiet
Étrange! Il ne parvient pas à ressusciter la voix de ceux qui ont décidé de se casser de « leur plein gré ». (septembre 2013)

Vendredi 1. Dans un peu moins d’un an, il y aurait Erio qui se casserait. Le James Dean de Seraing, l’ami rockeur à la banane blonde pour qui l’arrogance était une façon de rester vivant. Comme  Johnny Cash il y a une dizaine d’années, ce sont  les poumons qui lâcheraient. C’est con, des poumons! Dimanche 3. Il y aurait Marianne. Il l’a connue dans un atelier d’écriture il y a 3 ou 4 ans. Marianne qui camouflait maladroitement l’histoire de sa vie dans des petits récits fictionnels. C’est con, un cancer!
Il irait les voir tous les deux à Robermont à deux jours d’intervalle. Dans les semaines qui suivraient, il se demanderait quel rôle donné à ceux-là dans ses fictions à lui.
(août 2014)