Il y a Pap qui pousse la grille opaque en métal et sa moto, une KTM de 125 cc. Entre 14 heures et 16 heures, ça dépend, l’heure africaine. Je sors comme je peux du hamac. Je combats la force centrifuge à grands coups de reins. Salutations. La famille ? Ça va ! Et toi, la famille ? Ça va ! Après il y a la musique qu’on écoute. Aujourd’hui, compile de morceaux maliens. Bluetooth. Pap les (re)connaît (presque) tous. On parle de la famille et de musique. Il aime la musique sous toutes ses formes. Un Père qui écoutait du jazz, des grands frères élevés au rock. Je pense à mon pote turc de Liège qui a découvert Jimmy Hendricks dans les seventies, au fin fond des Cappadoces pendant que je découvrais Bob Dylan à Gembloux, le Velvet Underground à Charleroi, les Stooges à Bruxelles. Pap aime aussi l’accordéon. C’est son truc à lui. On écoute du Zulu Jive sur mon smartphone avec un blues de la région de Tombouctou en arrière-plan (Ali Farka Touré). Du son sous la paillote. De l’autre côté de la grille opaque en métal, les enfants jouent, rient, crient TOUBABOU, TOUBABOU. Pap et moi, on va prendre le thé. Avant ou après la prière, ça dépend. L’ami d’ici et de là-bas, lui, s’occupe de ses plantations. C’est l’heure de la prière et de l’arrosage, quand le soleil se fait plus doux. Après tout ça, il y aura Django qui poussera la grille opaque en métal et son vélo. Il nous montrera le nouveau pied made in China qu’il a fixé à la base du cadre, sur le support de la roue arrière. Nous douterons unanimement de cette avancée technologique. Démonstration de Django. Le vélo se vautrera dans le gravier. On sera unanimement pliés en 4. Made in China !